dimanche 14 novembre 2010

Avant, après. Maintenant.


Texte de présentation de la FIAG (Foire Internationale de l'Art Gorille) à la Gare Aux Gorilles, octobre 2010.

Il est des lieux sans âges. Des lieux sans images, sans récit connu. Des lieux dont on fait l'expérience, juste des lieux. Ici une montagne vénérable, là un bois sacré, et sous mille autres formes possibles du désert à la cascade.

De tous temps les hommes y ont célébrés la grandeur des forces qui les dépassent. Cultes, cérémonies, en nombre ou en solitaire. Véritables confluents d'énergie où convergeaient les forces telluriques et célestes magnifiés d'un même élan ; portés par l'attention soutenue du regard humain fait centre de l'univers.

Ces lieux ne sont, pour la plupart, désormais plus que les maigres espaces d'un vain divertissement mue par l'agitation touristique et culturelle d'une humanité détournée de sa propre essence. Et l'esprit s'est glissé hors de ces espaces comme d'une coquille vide. Et l'homme a oublié le temps du rêve.

L'autre monde n'a pas disparu pour autant et c'est au coeur même de ce système qui désire si ardemment l'étouffer qu'est allée se réfugier cette nécessité pour l'âme humaine d'une activité moderne des mythes et des mystères. La nature n'aime pas le vide et les espaces inoccupés, l'énergie est partout. Et ces lieux de cultes de l'homme moderne sont à l'image de sa conscience nettoyée ; ils laissent entrevoir sa nature profonde d'éternel voyageur :

Située entre rêve et réalité, une gare. Son nom est effacé. Quelle importance ? Elle siège fièrement à coté d'une voie ferrée peuplée du souvenir des géants de fer. Ouroboros de métal dont le cercle est brisé, vestige du jardin primordial corrompu par le pêché originel et entièrement tendu vers une promesse impossible de salut. Le monde est en crise, tout se désagrège mais...

Vous entendez ? Le son des fantômes mécaniques au loin. Et déjà vos pieds vous guident sur le chemin... Ne vous laissez pas bercer par les grandes illusions qui s'agitent sous vos yeux. Tous ces costumes, toutes ces attitudes ne sont que chimères et apparences. S'ouvre devant vous l'entré de l'ancien monde ! Alors écoutez avec confiance, et laissez vous mener. Vous êtes au seuil.

Le grand serpent de métal qui vous mène aux cavernes est un chemin laborieux. Laborieux mais nécessaire, et il vous faut défaire les vieilles habitudes du passé. Petit Poucé délaisse ses ruines intérieures, pour écrire une nouvelle histoire dans les pierres et guider ses frères sur un chemin de lumière. Admirez ce nouveau point de vue sur vous même.

Premier tunnel, première épreuve. Scènes fantasmagoriques, esthétisme du supplicié. L'horreur est dantesque entourée de bêtes et de chair en décomposition. Toute la matière de l'univers se délite, bribes d'un monde familier que déjà l'on ne reconnaît plus. Attente prolongée, figée dans le miroir de nos angoisses.

Et puis le second tunnel, l'opération intérieure peut enfin commencer. Caverne initiatique du philosophe déchu de son intelligence. Le lapin blanc maintenant n'est plus très loin et si vous sortez de votre léthargie c'est pour mieux plonger dans l'expérience onirique. Le regard tourné vers les étoiles. Fiction aérienne, paysages intérieurs du voyageur assoupi. Des rituels enfantins viennent promulguer de nouvelles lois fantaisistes dans tout ce désordre car, après tout, il n'y a jamais eu de frontière entre jeu et réalité.

Et enfin, les émotions primaires deviennent religieuses, l'expérience atteint son paroxysme et l'homme et la femme s'unissent, chargés d'une mission spéciale. C'est en ce nouveau territoire que doit intervenir la révélation qui formera les êtres supérieurs. La boucle est bouclée, et donne l'impulsion du dépassement de soi. Vers... une autre histoire.

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