dimanche 18 juillet 2010

C'est notre punition

C'est notre punition. Et personne ne semble nous en dicter les modalités, ni la courbe croissante de ses contraintes. A croire que nous la créons au fur et à mesure que se déroule la partition. Le dos volontairement fléchit. Pas une fausse note sous ces claquements de fouet réguliers. Et pas un couac sur le bloc-note de mes doléances. Le grand théâtre et ses néons glisse silencieusement sous la lune rouge sang. C'est notre punition qui l'éclabousse. Scène autre. Changement de décor et paradis arty-ficelles. Vivre et laisser suivre la grande mécanique qui tourne et s'enraye en coulisse. Il y a bien longtemps que je ne m'attriste plus, noyé dans cette foule de figurants et de masques qui s'entrechoquent. Comme Noé, réfugié politique dans l'arche. Socialement démissionnaire, je ne souhaite pas de vos second rôles qui s'articule en couple et sur trois verbes. Courir, mourir et laisser fuir. Que l'on me laisse seul. Indifférent, tourné vers l'intérieur. Comme cette dorade luisante d'huile et protégée du soleil par de minuscules ombrelles de papier crépon. L'heure a tourné. Joyeux anniversaire ensablé, chère inconnue... l'oeil torve, le rire amer et le nez dans la poudre d'écailles. J'ai abusé de tant de cocktails de vie subtils. A déguster dans une Cadillac épaisse comme le roc, solide et rutilante comme la réalité. Moi qui rêve d'austérité... et d'aspérités sur ce mur d'escalade orné de seins rebondis. Mes doux, mes tendres, mes très chairs amis, j'avance à tâtons. Je goûte, je mords et me dégoûte. Et reste accroché comme un saint au mur des lamentations coupables. Délicieuse pluie de questions en cette légère nuit de mai. Mais. Mais. Mais. Seuls et désarmés. C'est notre seule munition. Mais. Mais. Mais. Sirupeux dessert des arts, mais, la note sera salée. Aussi en repentis, j'écris mentalement, à genoux sur le carrelage de la cuisine, les bras en position horizontale, un dico posé dans chaque main. Que la grammaire me crucifie, que l'orthographe me fouette. Je navet pas saisi l'ampleur de cette salade niçoise mal assaisonnée. Fade, je n'ai pas cru toutes ces fadaises qui s'égrenne dans ce désert de la raison où nul n'assume la naïveté qui le hante. On trouve l'appétit par la racine, disent-ils. Dociles comme une recette de cuisine empoisonnée. Et facile comme le mal. C'est notre punition. Boulimie sèche. Des crampes à l'estomac, je m'astreint et plus rien ne m'atteint. Comme un archer. Sans cible et sensible. Et les flèches se retournent d'elles-même. Elle m'aime, elle m'aime ! Hélas. Tous tes cadeaux ne m'appartiennent pas, bien que je sache comme ils te pèsent. Délions ce paquetage qu'il se répande au pied du lit. C'est un miracle impie, une illumination sans droit. Un miracle sanglant qui vient s'imprimer sur le drap. Une tâche à l'envers. Une non-tâche un peu trop compacte pour être innocente. Une erreur de naissance, peut-être ? Et lorsque il se fait tard, que le mot ment au mauvais endroit, comment rentrer chez soi quand on n'a pas de maison ? Foutu fierté faisant fi du confort, la coquille brisée, pleinement ouvert à la souffrance. C'est ma punition. Car mes rêves d'enfant ne sont plus. Et quand on sera grand on sera rien. Et quand on saura rien, on sera grand. Et foutrement lumineux, j'espère. Cette route est tellement longue et sinueuse. Et c'est tant mieux. C'est notre punition. En fin de parcours lorsque le style s'assèchera. L'imagination à bout de souffle face au réel par delà le réel. Et la volonté. Immuable et solitaire qui stagne, s'enracine et s'élève. J'irai jusqu'au bout de la ligne, tout en haut du mat. L'impulsion donnée vers les étoiles. Faudrait-il en coudre et découdre, nu comme un verre en cristal. Fragile et brisé comme un nouveau né. Les mots se tresseront alors d'eux même. Et lorsque la nouvelle page se dressera comme une muraille je souhaite qu'elle ploie sous l'encre. Et le chant des cuisines célestes qui s'ancre et s'échancre raisonnera alors. Sensuelle punition. C'est notre épice qui fait toute la différence sur le palais de l'univers. Questionner les masques. C'est notre punition. Ecrire les craintes et crier notre joie. C'est notre punition. Se nourrir de poussière, mourir dans les langes. C'est notre punition. Chanter la terre qui nous avalera et saigner jusqu'aux cimes. C'est notre punition. Jouir dans la roche et pleurer au vent. C'est notre punition. Les rêves. Sont notre rappel, mais sont aussi notre punition. Et puis rien, et rien. Et puis au bout, la lumière. Peut-être. Et peut-être. Rien. C'est notre punition. Peut-être bien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire